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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/381

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tant de diligence, que dans l’espace de quatre jours Anson vit toutes les provisions à bord, et qu’il ne lui resta qu’à faire lever l’ancre pour descendre la rivière. Le Centurion et sa prise passèrent Bocca-Tigris le 10 décembre. Ils mouillèrent le 12 devant Macao. Les marchands de cette ville avaient offert six mille piastres pour le galion, prix fort au-dessous de sa valeur. Ils souhaitaient de conclure le marché ; mais, comme ils n’ignoraient pas que les Anglais étaient dans l’impatience de partir, ils ne voulaient rien ajouter à leurs offres. Anson avait trouvé assez de nouvelles de l’Europe à Canton pour être persuadé que la guerre entre l’Espagne et l’Angleterre durait encore, et que la France se déclarerait pour l’Espagne. Il savait aussi qu’on ne pouvait être informé de sa victoire en Europe avant le retour des vaisseaux marchands qu’il avait trouvés à la Chine. Ces deux raisons, qui devaient lui faire hâter son voyage, le déterminèrent à livrer le galion pour la somme qu’on lui offrait.

Il mit à la voile pour son retour, le 15 décembre. La navigation fut heureuse jusqu’au détroit de la Sonde, où il mouilla le 3 janvier, dans la rade de l’île du Prince, pour faire de l’eau et du bois. Il remit en mer le 8, et la même fortune l’accompagna jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Trois semaines de repos dans cette belle colonie, qui lui rappela les charmantes vallées de Juan Fernandès, et les belles clairières du Tinian, le mirent en état