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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/174

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goût aussi désagréable qu’une olive fraîche lorsqu’on en mange pour la première fois.

» Le mahié se fait comme la bière, par fermentation, et quelquefois, ainsi que dans nos brasseries, l’opération manque, sans qu’on puisse en déterminer la cause ; il est donc très-naturel que ce peuple grossier joigne des idées et des cérémonies superstitieuses à ce travail. Les vieilles femmes en sont chargées le plus souvent ; excepté ceux qui les aident, elles ne souffrent pas que personne touche rien de ce qu’elles emploient, et même elles ne permettent point d’entrer dans la partie de la maison où elles font cette préparation. Il arriva un jour que M. Banks toucha par inadvertance une des feuilles qui étaient sur la pâte ; la vieille femme qui présidait à ces mystères lui dit que l’opération manquerait ; et, dans un transport de douleur et de désespoir, elle découvrit le trou sur-le-champ. M. Banks regretta le malheur qu’il avait causé ; mais il se consola, parce qu’il eut occasion d’examiner par-là la manière dont les Taïtiens procèdent à cette grande œuvre, qu’il n’aurait peut-être pas pu connaître autrement.

» Tels sont leurs alimens, auxquels l’eau salée, qu’ils emploient dans tous leurs repas, sert de sauce universelle. Ceux qui vivent près de la mer vont en puiser lorsqu’ils en ont besoin, et ceux qui habitent à quelque distance la conservent dans des vases de bambou, qu’ils placent pour cet usage dans leur habitation. Ils