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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/181

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repas. Lorsqu’ils vinrent nous rendre visite pour la première fois dans nos tentes, ils apportaient tous un panier où étaient leurs alimens ; et quand nous nous asseyions à table, ils sortaient, se plaçaient à terre, à six ou dix pieds de distance les uns des autres, en se tournant le dos, chacun prenait son repas de son côté sans proférer un seul mot.

» Les femmes ne s’abstiennent pas seulement de manger avec les hommes et de prendre les mêmes alimens ; leur nourriture est encore apprêtée en particulier par de jeunes garçons qu’on entretient à cet effet, et qui, après avoir préparé les provisions, vont les déposer dans un hangar séparé, et assistent à leurs repas.

» Quoique les Taïtiens ne mangeassent pas ensemble et ne voulussent pas s’asseoir à notre table lorsque nous allions voir dans leurs maisons ceux que nous connaissions particulièrement, ils nous ont souvent engagés à dîner avec eux, et dans ces occasions nous avons plusieurs fois mangé au même panier et bu au même vase. Les vieilles femmes cependant parurent toujours offensées de cette liberté ; et s’il nous arrivait de toucher à leurs provisions, et même au panier qui les contenait, sur-le-champ elles jetaient le tout fort loin.

» Les Taïtiens d’un âge moyen et d’un rang distingué dorment ordinairement après le repas et dans la chaleur du jour : ils sont extrêmement indolens, et ils n’ont pas d’autre occupa-