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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/219

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retire, ils emportent la touffe de plumes, et laissent les provisions tomber en pouriture, ou devenir la pâture des rats.

» Il ne nous a pas été possible d’acquérir une connaissance claire et précise de la religion des Taïtiens ; nous la trouvâmes, ainsi que celle de la plupart des autres pays, enveloppée de mystères, et défigurée par des contradictions apparentes. Leur langage religieux est différent, comme à la Chine, du langage ordinaire ; de manière que Topia, qui prit beaucoup de peine pour nous instruire, n’ayant pas, pour exprimer ses pensées, des mots que nous entendissions, nous parla assez inutilement. Je rapporterai cependant, avec le plus de clarté que je pourrai, ce que nous en avons appris.

» Un être raisonnable, quelque ignorant ou stupide qu’on le suppose, aperçoit d’abord que l’univers et ses différentes parties qu’il connaît sont l’ouvrage de quelque agent infiniment plus puissant que lui-même ; mais la production de l’univers tiré du néant, que nous exprimons par le mot création, est ce qu’il y a de plus difficile à concevoir, même pour les hommes les plus pénétrans et les plus éclairés. Comme on ne voit point d’être capable en apparence de produire ce grand ouvrage, il est donc naturel de supposer qu’il réside dans quelque partie éloignée de l’univers, ou qu’il est invisible par sa nature, et qu’il doit avoir originairement donné l’être à tout ce qui existe, par une méthode semblable à celle que suit la na-