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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/245

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Le 3 novembre, Cook mouilla dans la baie qu’il appela baie de Mercure, parce qu’il y observa le passage de cette planète dans le disque du soleil. Il eut occasion de prendre une idée des connaissances des Indiens de ces contrées dans l’art des fortifications. Sur une pointe élevée ou péninsule qui s’avance dans la rivière, l’on aperçoit les restes d’un fort qu’ils appellent Eppah ou Heppah. Le plus habile ingénieur de l’Europe n’aurait pas pu choisir une meilleure situation pour mettre un petit nombre d’hommes en état de se défendre contre un plus grand. Les rochers sont si escarpés, que l’eau qui entoure ce fort de trois côtés le rend entièrement inaccessible ; et, du côté de la terre, il est fortifié par un fossé et un parapet élevé en dedans. Du sommet du parapet jusqu’au fond du fossé, il y a vingt-deux pieds. Le fossé en dehors a quatorze pieds de profondeur et une largeur proportionnée. Toute la construction de cette forteresse annonçait beaucoup de jugement. Une rangée de piquets ou palissades descendait depuis le sommet du parapet et le long du bord du fossé en dehors. Ces derniers étaient enfoncés en terre à une très-grande profondeur, et inclinés en saillie vers le fossé ; il n’y restait que les plus épais, qui portaient des marques évidentes de feu ; de sorte que la place avait probablement été prise et détruite par un ennemi. Si un vaisseau était jamais obligé d’hiverner ou de séjourner pendant quelque temps dans