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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/250

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de provisions. Nous leur témoignâmes le désir que nous avions de voir leurs exercices d’attaque et de défense : un jeune Indien monta sur une des plates-formes de bataille, qu’ils appellent porava, et un autre descendit dans le fossé ; les deux combattans entonnèrent leur chanson de guerre, et dansèrent avec les mêmes gestes effrayans que nous leur avions vu employer dans des circonstances plus sérieuses, afin de monter leur imagination à ce degré de fureur artificielle qui, chez toutes les nations sauvages, est le prélude nécessaire du combat. En effet, la force d’esprit qui peut surmonter la crainte du danger sans le secours de cette espèce d’ivresse, semble être une qualité particulière à des hommes occupés de projets d’une importance plus réelle, et animés d’un sentiment plus vif de l’honneur et de la honte, que ne peuvent l’être des hommes qui, n’ayant guère d’autres plaisirs ou d’autres peines que ceux de la simple vie animale, pensent uniquement à pourvoir à leur subsistance journalière, à faire du pillage, ou à venger une insulte ; il est vrai cependant qu’ils s’attaquent avec intrépidité les uns les autres, quoiqu’ils aient besoin de se passionner avant de commencer le combat, ainsi qu’on voit parmi nous des hommes qui s’enivrent afin de pouvoir exécuter un projet formé de sang-froid, et qu’ils n’auraient pas osé accomplir tant qu’ils seraient restés dans cet état.

» Nous aperçûmes sur le penchant de la colline, près de ce fort, un espace d’environ un