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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/257

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raient ; nous ajoutâmes que, si l’on nous attaquait encore, nous nous défendrions avec des balles qui les blesseraient mortellement. Ces gens reprirent un peu de courage, s’approchèrent et s’assirent près de nous, et, pour les rassurer davantage, nous leur fîmes présent de quelques bagatelles que nous avions par hasard avec nous.

» Bientôt après nous nous rembarquâmes, et quand nous fûmes arrivés à une autre anse de la même île, nous montâmes sur une colline voisine qui dominait sur le pays jusqu’à une distance considérable. La vue était très-singulière et très-pittoresque ; on apercevait une quantité innombrable d’îles qui formaient autant de havres, où l’eau était aussi unie que dans un étang ; nous découvrîmes en outre plusieurs bourgades, des maisons dispersées et des plantations ; ce canton était beaucoup plus peuplé qu’aucun de ceux que nous avions vus auparavant. Plusieurs Indiens sortirent d’une des bourgades qui était près de nous ; ils s’efforcèrent de nous montrer qu’ils étaient sans armes ; leurs gestes et leur contenance annonçaient la plus grande soumission. Sur ces entrefaites, quelques-uns de nos gens, qui, lorsqu’il s’agissait de punir une fraude des Indiens, affectaient une justice inexorable, enfoncèrent les palissades d’une de leurs plantations, et prirent des pommes-de-terre ; je fis donner à chacun des coupables douze coups de fouet : l’un d’eux soutenant avec opiniâtreté que ce