Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des femmes et des enfans arrivèrent dans l’après-midi à un petit village vis-à-vis duquel les Anglais étaient mouillés ; quatre pirogues revenant de la pêche débarquèrent plusieurs hommes ; quand ces embarcations eurent été halées à terre, la troupe se mit à apprêter le dîner sans faire la moindre attention aux Anglais : tous étaient absolument nus.

Cependant, lorsque le canot dans lequel Cook s’était embarqué voulut aborder à l’endroit où ces Indiens se trouvaient, ils se levèrent pour lui disputer le terrain ; ils brandissaient leurs lances et parlaient très-haut. Topia n’entendait pas un mot de leur langage, qui était très-rude et désagréable. Cook admirait leur courage ; il lui répugnait d’employer la force contre ces sauvages qui n’étaient que deux, et voulaient se défendre contre quarante hommes. On parlementa avec eux pendant un quart d’heure ; pour gagner leur bonne volonté, on leur jeta des clous, de la verroterie et d’autres bagatelles ; ils semblèrent les regarder avec plaisir. Il leur fit signe qu’il avait besoin d’eau ; il eut recours à tous les moyens qu’il put imaginer pour les convaincre qu’on ne voulait pas leur faire de mal. Il ne put leur inspirer des sentimens plus pacifiques. Obligé d’employer la force, il fit tirer un coup de fusil à poudre par-dessus leur tête ; ils répondirent par une pierre qui fut lancée contre les Anglais ; un autre coup tiré à plomb les mit en fuite. Bientôt ils revinrent et décochèrent leurs