Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occupés à divers travaux. Dès que les Indiens furent débarqués, ils saisirent leurs armes : et, afin que nous pussions nous apercevoir de ce qu’ils allaient faire, ils prirent un tison de dessous une chaudière où nos gens faisaient bouillir du goudron ; et, embrassant l’espace qui renfermait du côté du vent le peu de choses que nous avions à terre, ils enflammèrent avec une promptitude et une dextérité surprenantes l’herbe qui se trouva sur leur chemin : cette herbe, qui avait cinq ou six pieds de hauteur, et qui était aussi sèche que du chaume, s’alluma rapidement, et le feu s’étendit avec violence vers une tente de M. Banks, qu’on avait dressée pour Topia. Une truie et ses petits se trouvant sur le chemin du feu, un de ces animaux fut tellement brûlé, qu’il en mourut. M. Banks sauta dans un canot ; et, prenant quelques hommes avec lui, il arriva assez à temps pour sauver sa tente, en la tirant sur la grève ; mais tout ce qu’il y avait de combustible dans l’atelier du forgeron fut consumé. Sur ces entrefaites, les Indiens allèrent à un endroit peu éloigné, où plusieurs de nos gens lavaient du linge, et où ils en avaient mis sécher une grande quantité avec des filets, parmi lesquels étaient la seine. Ils mirent encore le feu à l’herbe sans s’embarrasser des menaces et des prières que nous leur fîmes. Nous fumes donc obligés de tirer un fusil chargé à petit plomb : le coup atteignit et mit en fuite l’un d’eux, qui était éloi-