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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/82

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Les Taïtiens qui étaient au fort apprirent bientôt cette nouvelle : nous craignîmes les suites du mécontentement de Toubouraï-Tamaïdé, qui, dans toutes les occasions, nous avait été très-utile. M. Banks résolut de le suivre sans délai, afin de solliciter son retour : il partit le même soir, accompagné de M. Molineux. Ils le trouvèrent assis au milieu d’un grand cercle de ses compatriotes, à qui probablement il avait raconté son aventure et les craintes qu’elle lui faisait naître. Son visage présentait l’image de la douleur et de l’abattement, et les mêmes passions étaient également marquées avec force sur la figure de tous ceux qui l’environnaient. Lorsque M. Banks et M. Molineux entrèrent dans le cercle, une des femmes exprima son chagrin de la même manière que Térapo dans une autre occasion, c’est-à-dire en se perçant la tête à plusieurs reprises avec la dent d’un requin, jusqu’à ce qu’elle fut couverte de sang. M. Banks ne perdit point de temps pour tâcher de les consoler ; il assura le chef qu’il fallait oublier tout ce qui s’était passé, qu’il ne leur voulait aucun mal, et qu’ils n’avaient rien à craindre. Toubouraï-Tamaïdé fut bientôt calmé, et reprit sa confiance et sa tranquillité : il ordonna de tenir prête une double pirogue ; ils revinrent tous ensemble au fort avant le souper, et, pour gage d’une parfaite réconciliation, le Taïtien et sa femme passèrent la nuit dans la tente de M. Banks. Leur présence cependant ne suffit