Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cet aimable jeune homme : ils se croyaient très-heureux de ce que nous goûtions leurs excellens mets. Servis par des hôtes si respectables (qu’on me permette cette idée poétique), nous fûmes en danger d’oublier notre condition d’hommes, et nous aurions cru habiter la cabane de Baucis et de Philémon, si notre impuissance à les récompenser ne nous eût fait souvenir que nous étions mortels. Nous rassemblâmes tous nos grains de verroterie et tous nos clous, et je les leur donnai plutôt comme une marque de notre reconnaissance affectueuse que comme un salaire. Le jeune Taïtien nous reconduisit jusqu’à la grève, vis-à-vis de nos vaisseaux, en nous apportant beaucoup de provisions que nous n’avions pas consommées à notre dîné. M. Hodges et M. Grindall lui offrirent une hache, une chemise et d’autres présens ; et le soir il retourna dans sa famille, extrêmement content de ses richesses.

» Nous eûmes plusieurs entrevues avec Ouahitoua, roi de Taïti-Éti ( la petite Taïti ou Tierrébou) ; il était âgé de dix-sept à dix-huit ans, et bien fait : il avait environ cinq pieds six pouces, et tout annonçait qu’il grandirait encore. Sa physionomie douce manquait d’expression, et exprima de la crainte et de la défiance à notre première entrevue, ce qui est peu d’accord avec les idées de majesté. Il avait le teint plus blanc que ses sujets, et les cheveux lisses, d’un brun léger, rougeâtre à la pointe.