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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/152

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prit par les deux mains, et versa un torrent de larmes en lui disant Toutahah tayo no touti maté Toutahah (Toutahah, votre ami, ou l’ami de Cook, est mort). Il fut si touché de son maintien et de sa tendresse, qu’il lui aurait été impossible de ne pas mêler ses larmes aux siennes, si O-tou, qui survint, ne l’avait pas éloigné d’elle. Il obtint de lui avec peine la permission de la revoir, et alors il lui donna une hache et quelques autres choses. Nous nous rendîmes ensuite à nos tentes sur la Pointe Vénus, où les insulaires vendaient à très-bas prix des végétaux de toute espèce ; car ils donnaient un panier de fruits à pain ou de cocos pour un grain de verroterie. Mon père, retrouva son ami O-ouahaou, qui lui offrit beaucoup de fruits, des poissons, des étoffes et des hameçons de nacre de perle. Ce présent méritait une récompense ; mais le généreux Taïtien ne voulut absolument rien recevoir : il dit qu’il faisait ce don comme ami et sans motif d’intérêt. Tout conspirait à nous donner une idée favorable de cette aimable nation.

» Nous retournâmes dîner à bord, et je passai l’après-midi à décrire et à dessiner des objets d’histoire naturelle. Sur ces entrefaites les ponts furent remplis de Tâïtiens des deux sexes, qui furetaient partout, et qui commettaient des vols dès qu’ils en trouvaient l’occasion. Le soir mes yeux furent frappés d’une scène nouvelle pour moi, mais familière pour ceux qui avaient déjà été à Taïti. Un grand