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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/160

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toujours près de nous, nous pria de décorer trois petits bananiers de miroirs, de clous, de médailles, de verroteries , etc. Nous obéîmes à l’instant, puis nous débarquâmes portant à la main les bananiers ainsi ornés, et on nous conduisit vers le chef à travers la multitude : les insulaires se rangèrent en haie sur notre passage. On nous fit asseoir à quelques pas du chef ; on nous ôta des mains nos bananiers, et on les posa devant lui l’un après l’autre, ainsi qu’on nous avait offert les précédens. L’un était destiné à l’Éatoua (ou Dieu) ; le second à l’éri (ou roi), et le troisième à tayo (l’amitié). Je voulus ensuite aborder le roi, mais on me dit qu’il allait s’avancer vers moi ; il vint effectivement se jeter à mon cou. Il n’observait plus de cérémonial ; les larmes coulaient abondamment sur ses joues vénérables ; il se livra à toute l’effusion de sa tendresse. Il me présenta ensuite ses amis, et je leurs fis à tous des présens. J’offris à Oréo ce que j’avais de plus précieux, car je regardais cet homme comme un père. Il me donna en retour un cochon et une grande quantité d’étoffes, et me promit de pourvoir à tous nos besoins : on verra bientôt avec quelle exactitude il tint sa parole. Enfin nous prîmes congé de lui, et nous retournâmes à bord. Bientôt après M. Pickergill revint avec quatorze cochons. Les échanges sur la côte et le long du vaisseau nous en procurèrent à peu près autant, outre des volailles et des fruits en abondance.