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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/162

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spectacle nous surprit tellement, que nous ne pûmes nous empêcher de témoigner notre dégoût ; mais elle sourit, et elle nous apprit qu’elle se laissait téter par de petits cochons. Nous reconnûmes ensuite qu’elle avait perdu son enfant ; cet expédient très-innocent était pratiqué jadis en Europe. Les chiens de toutes ces îles sont courts ; leur grosseur varie depuis celle d’un bichon jusqu’à celle d’un grand épagneul : ils ont la tête large, le museau pointu, les yeux très-petits, les oreilles droites, les poils un peu longs, lisses, durs et de différentes couleurs ; plus communément blancs et bruns. Ils aboient rarement ; ils hurlent quelquefois, et montrent beaucoup d’aversion pour les étrangers.

» Nous trouvâmes quelques-uns des oiseaux que nous avions déjà aperçus à Taïti, un martin-pêcheur à ventre blanc et un héron gris. J’en tuai plusieurs de chaque espèce ; quelques personnes répandues dans la foule attachaient une idée de sainteté à ces oiseaux, et ils les appelaient eatouas, c’est-à-dire du même nom qu’ils donnent à leurs dieux ; d’autres au contraire nous priaient de les tuer, et nous les montraient eux-mêmes à cet effet ; quand nous les avions tués, aucun ne donnait jamais la moindre marque de désapprobation : ils ne les regardent pas comme des divinités ; car les divinités, suivant eux, sont invisibles ; mais le nom d’eatoua, par lequel ils les distinguent, suppose une plus grande vénération que celle qu’ont les vieilles femmes en Angleterre pour