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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/18

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santé des équipages ; elle était due aux précautions que prit le capitaine d’aérer souvent le vaisseau et d’y faire des fumigations ; les tablettes de bouillon portatives et la chou-croute, qu’on ne peut assez recommander, y eurent aussi quelque part.

« Ainsi finit (c’est Forster qui parle) notre première campagne à la recherche des terres australes. Depuis notre départ du cap de Bonne-Espérance jusqu’à notre arrivée à la Nouvelle-Zélande, nous essuyâmes toutes sortes de maux : les voiles et les manœuvres avaient été mises en pièces ; la violence des lames avait emporté une partie des hauts du bâtiment ; les effets terribles de la tempête, peints avec tant d’expression et de force par l’habile rédacteur du voyage d’Anson, ne furent rien en comparaison de ce que nous eûmes d’ailleurs à souffrir. Contraints de combattre sans cesse l’âpreté d’un élément rigoureux, nous étions exposés à la pluie, au verglas, à la grêle et à la neige ; nos manœuvres étaient toujours couvertes d’une glace qui coupait les mains de ceux qui étaient obligés de les toucher. Il nous fallut faire de l’eau avec des glaces flottantes, dont les particules gelées et âcres engourdissaient et scarifiaient tour à tour les membres des matelots ; nous courions le danger perpétuel de nous briser contre ces masses énormes de glace qui remplissent l’immense Océan austral : l’apparition fréquente et subite de ces périls tenait continuellement l’équipage en haleine pour ma-