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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/183

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des perles. Elles se mirent à danser au son des tambours ; et, suivant toute apparence, sous la direction d’un vieillard qui dansait avec elles, et prononçait plusieurs mots, que, d’après le son de sa voix, nous prîmes pour une chanson. Leurs attitudes et leurs gestes étaient très-variés, et quelquefois nous aurions pu les trouver lascifs. Le mouvement de leurs bras est très-gracieux, et l’action continuelle de leurs doigts a quelque chose d’extrêmement élégant : mais ce qui blessa nos idées de grâce et d’harmonie, c’est l’odieuse coutume de tordre la bouche d’une si étrange manière, qu’il nous fut impossible de les imiter : elles la retirent d’abord de travers, et ensuite elles jettent tout à coup leurs lèvres en avant avec des ondulations qui ressemblent à des convulsions subites.

» Après avoir dansé environ dix minutes, elles se retirèrent dans la partie de la maison où elles s’étaient habillées, et cinq hommes, revêtus de nattes, prirent leur place et jouèrent une espèce de drame composé d’une danse indécente et d’un dialogue qui avait de la cadence : quelquefois ils se mettaient à crier en prononçant tous ensemble les mêmes mots. Ce dialogue semblait lié à leurs actions. L’un d’eux s’agenouilla, un second le battit, le prit par la barbe, et en fit autant aux deux autres ; mais enfin le cinquième le saisit et le frappa d’un bâton. Ensuite ils se retirèrent tous, et les tambours donnèrent le signal du second