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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/189

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sur son dos. Comme toute cette histoire me semblait cependant plus mystérieuse que jamais, et que j’étais absolument sans armes, je ne voulus pas m’écarter de la chaloupe ; j’y remontai de nouveau, et je continuai d’aller à la piste du chef. J’arrivai bientôt à un endroit où notre guide nous dit qu’il était : la chaloupe échoua à quelque distance de la côte ; une femme âgée, d’un air respectable , et qui était l’épouse du chef, vint à notre rencontre : elle se jeta dans mes bras, et pleura tellement, qu’il ne fut pas possible de lui arracher une seule parole. Je donnai le bras à cette femme, et je descendis à terre, contre l’avis de mon jeune Taïtien, qui semblait plus effrayé que nous, et qui probablement croyait tout ce que les habitans du pays avaient raconté. Il s’approcha en hâte d’un de mes domestiques, lui rendit la poire à poudre qu’il avait portée jusqu’alors, et dit qu’il allait revenir. Nous l’attendîmes assez long-temps en vain, et nous fûmes obligés de retourner à bord sans lui. Nous ne l’avons pas revu durant notre séjour dans l’île. Les naturels nous donnèrent peu d’éclaircissemens sur sa fuite. Craignant qu’ils ne s’alarmassent de nouveau, si je faisais des recherches sur ce point, j’eus soin de n’en pas parler. Je trouvai le chef assis à l’ombre d’une maison devant laquelle s’étendait une vaste cour, et entouré d’une foule d’insulaires. Dès que je l’abordai, il jeta ses bras autour de mon cou et fondit en larmes : toutes les femmes et quelques hommes