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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/199

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cines jusqu’à ce qu’elles soient amollies ; ensuite elles les crachent dans un même plat de bois ou dans un autre vase ; quand on en a mâché une quantité suffisante, on y met plus ou moins d’eau, suivant que la racine est plus ou moins forte ; dès que le jus est ainsi délayé, on le passe à travers une étoffe fibreuse qui tient lieu de pressoir : la liqueur est ainsi potable : elle se fait toujours au moment où on veut la boire. Elle a une saveur poivrée ; mais elle est un peu insipide. Quoiqu’elle soit enivrante, je ne l’ai vue qu’une fois produire cet effet : les naturels en prennent communément avec modération et peu à la fois. Ils mâchent souvent cette racine comme les Européens mâchent du tabac, et ils avalent leur salive : plusieurs mangèrent devant nous des morceaux de cette racine.

» Les habitans d’Ouliétéa cultivent une grande quantité de cette plante, et ceux de Taïti une très-petite. Je pense qu’elle croît dans presque toutes les îles de cette mer ; les Indiens en font le même usage ; car Le Maire dit que les insulaires de Horn tirent d’une plante une liqueur de la manière que je viens de décrire.

» Ceux qui ont représenté les femmes de Taïti et des îles de la Société comme prêtes à accorder les dernières faveurs à tous ceux qui veulent les payer ont été très-injustes envers elles ; c’est une erreur : il est aussi difficile dans ce pays que dans aucun autre d’avoir des privautés avec les femmes mariées et avec celles