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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/203

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et la couleur brune des cocotiers, qui semblait être l’effet de l’hiver. Le jour ne faisant que poindre, la lumière était si faible, que nous vîmes plusieurs feux briller entre les bois ; peu à peu nous distinguâmes les insulaires qui marchaient le long du rivage. Les collines, basses et moins élevées au-dessus du niveau de la mer que l’île de Wight, étaient ornées de petits groupes d’arbres épars ; et l’espace intermédiaire paraissait couvert de gazon. Bientôt les habitans lancèrent leurs pirogues à la mer, et ramèrent de notre côté. Un Indien arriva à bord, nous présenta une racine de poivrier enivrante ; et, après, avoir touché nos nez avec cette racine en signe d’amitié, il s’assit sur le pont sans proférer un seul mot. Le capitaine lui offrit un clou, et à l’instant il le tint élevé au-dessus de sa tête, en prononçant sagafataï, mot que nous prîmes pour un terme de remercîment. Il était nu jusqu’à la ceinture ; mais de là jusqu’aux genoux il était enveloppé d’une pièce d’étoffe pareille à celles de Taïti, enduite d’une couleur brune, et d’un apprêt qui la rendait raide et propre à résister à la pluie ; il était d’une taille moyenne et d’un teint châtain, assez semblable à celui des Taïtiens du commun[1] ; ses traits avaient de la douceur et de la régu-

  1. Comme les insulaires dont on parlera dans la suite seront souvent comparés aux habitans de Taïti et des îles de la Société, il est à propos d’observer que, les naturels de cet archipel se ressemblant parfaitement sous plusieurs rapports, les usages communs seront indifféremment appelés usages taïtiens ou usages des îles de la Société.