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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/230

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nous avons vues) est presque tout en plantations. Il s’ensuit naturellement que les maisons sont élevées et d’une immense étendue dans le premier groupe d’îles, mais beaucoup plus petites et moins commodes dans le second. Dans l’un, les pirogues sont en grande quantité, je pourrais presque dire innombrables, et la plupart d’une vaste dimension ; dans l’autre, elles sont très-peu nombreuses, et beaucoup plus petites. Les montagnes des îles de la Société attirent continuellement les vapeurs de l’atmosphère, et plusieurs ruisseaux descendent des rochers dans la plaine, où ils serpentent doucement jusqu’à la mer. Les habitans, qui profitent de ce don de la nature, boivent une eau salubre, et se baignent si souvent, qu’aucune tache ne peut adhérer long-temps à leur peau : un peuple au contraire qui ne jouit point de cet avantage, et qui est obligé de se contenter d’une eau de pluie, putride ou stagnante dans des citernes sales, est obligé de recourir à d’autres expédiens pour conserver un certain degré de propreté et prévenir différentes maladies. Ils coupent donc leurs cheveux, ils rasent ou taillent leur barbe, ce qui leur donne une figure plus dissemblable de celle des Taïtiens qu’ils ne l’auraient d’ailleurs. Ces précautions ne sont pas même suffisantes ; car, n’ayant pas d’eau douce à boire, leurs corps sont très-sujets à la lèpre, qu’excite peut-être encore davantage l’usage de l’eau de la racine de poivre, ou éva : de là proviennent