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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/253

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chons, les poules, les semences et les racines. Je crois qu’il n’imaginait pas d’abord que je voulusse les lui laisser, car il y fit peu d’attention, jusqu’au moment qu’il ne douta plus que ce ne fût pour lui. Ce qui est assez singulier, un pareil don ne le jeta pas dans le même ravissement qu’un grand clou que je lui offris. Néanmoins je remarquai qu’en s’éloignant, il considérait avec plaisir les cochons et les poules qu’il venait de recevoir. Il rangeait ces animaux les uns à côté des autres, et il veillait à ce qu’on ne les lui enlevât pas. Il me promit de n’en tuer aucun ; et s’il tient sa parole, et qu’il en ait quelque soin, l’île entière pourra bientôt s’en trouver peuplée ; car je lui laissai deux truies, deux verrats, quatre poules et deux coqs. Les graines étaient de celles qui auraient pour eux le plus d’utilité, telles que du froment, des fèves, des haricots, des pois, des choux, de grosses raves, des ognons, des carottes, des panais, des ignames, etc. Ces insulaires n’avaient pas oublié l’Endeavour ; car les premières paroles qu’ils prononcèrent furent matao no te pou pou (nous avons peur des canons). Comme ils ne pouvaient point ignorer ce qui était arrivé au cap Kidnappers dans mon premier voyage, ils connaissaient, par expérience, les effets terribles de ces instrumens meurtriers.

» L’un de ces deux Indiens était d’une grande taille et d’un moyen âge : il avait un vêtement élégant de phormium, d’une forme nouvelle