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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/272

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provisions choisies qu’on servait aux officiers commençaient à nous manquer, et nous n’étions pas mieux nourris que les simples matelots. L’espoir de rencontrer de nouvelles terres s’était évanoui. Jusqu’aux sujets ordinaires de conversation, tout était épuisé. Cette campagne au sud ne promettait rien de nouveau à l’imagination, et ne se présentait à notre esprit qu’environnée d’horreurs et de périls. Nous venions de jouir de quelques beaux jours entre les tropiques ; les productions des îles avaient couvert nos tables de mets exquis, et le spectacle de beaucoup d’objets nouveaux chez des nations différentes nous avait procuré du plaisir ; mais ce moment agréable allait être remplacé par un long période de brumes, de gelées, de jeûnes, et surtout par une ennuyeuse monotonie. L’abbé Chappe, dans son Voyage à la Californie, observe que la seule variété a des charmes pour le voyageur qui passe d’un pays à un autre ; et la philosophie exalte tellement son imagination, que, suivant lui, la vie qu’on mène en mer n’est ennuyeuse et uniforme que pour ceux qui ne sont pas accoutumés à regarder autour d’eux, et qui voient la nature avec indifférence. Si l’abbé Chappe avait eu le bonheur de faire un voyage au cercle antarctique, sans ces milliers de volailles grasses qui entretenaient sa bonne humeur durant sa petite traversée de Cadix à la Vera-Cruz, il n’aurait peut-être pas parlé ainsi.

» Je quittai les côtes de la Nouvelle-Zélande