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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/69

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nèrent avec nous. Le soir on les renvoya chargés de présens.

» Ils ressemblaient aux Zélandais de la baie Dusky ; mais ils paraissaient plus familiers et plus insoucians. Nous achetâmes leur poisson. Ils ne voulurent boire que de l’eau, et il ne fut pas possible de leur faire avaler une goutte de vin ou d’eau-de-vie. Ils étaient si turbulens, que pendant le dîner ils couraient d’une chambre et d’une table à l’autre ; ils dévoraient tout ce qu’on leur offrait, et aimaient passionnément l’eau sucrée. Ils mettaient les mains sur tout ce qu’ils voyaient ; mais ils le rendaient au moment où on leur disait par signes que nous ne voulions ou que nous ne pouvions le leur donner. Ils estimaient singulièrement les bouteilles de verre, qu’ils appelaient tâhâ ; dès qu’ils en apercevaient une, ils la montraient au doigt ; ils tournaient ensuite leur main du côté de leur poitrine, en prononçant le mot mokh, qu’ils employaient toujours quand ils désiraient quelque chose. Après qu’on leur eut indiqué l’usage et la dureté du fer, ils le préférèrent aux verroteries, aux rubans et au papier blanc. Nos matelots s’étant servis l’après-midi de leurs pirogues pour aller à terre, ils vinrent s’en plaindre au capitaine, dont ils connaissaient l’autorité sur l’équipage ; on les leur rendit, et ils s’en allèrent contens.

» Quelques jours après, ces Indiens revinrent à bord ; nous leur demandâmes leurs noms, mais ils ne nous comprirent qu’après différens