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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/83

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mettre en sûreté leurs femmes et leurs enfans.

» Toutes mes sollicitations ne purent pas engager les deux qui nous restaient à appeler les étrangers le long de notre bâtiment : au contraire, ils étaient fâchés de ce que je leur faisais des signes d’invitation ; ils me priaient de plutôt tirer dessus. Les Indiens qui montaient la pirogue parurent faire peu d’attention à ceux qui étaient à notre bord ; mais ils s’avancèrent lentement vers nous.

» Deux hommes d’une belle taille, l’un à l’avant et le second à l’arrière de la pirogue, se levèrent tandis que les autres restèrent assis. Le premier avait un manteau parfaitement noir de natte très-serrée, garni de compartimens de peau de chien : il tenait à la main une plante verte (c’était du phormium, dont on a déjà parlé plusieurs fois), et de temps en temps il proférait quelques mots. Son camarade prononçait très-haut, et d’une manière solennelle, une longue harangue bien articulée ; tantôt il élevait, tantôt il abaissait la voix. D’après la diversité de ses tons et de ses gestes, il semblait tour à tour faire des questions, se vanter, défier au combat, et nous persuader : quelquefois il parlait sur un ton assez bas ; puis il poussait tout à coup des exclamations violentes, ensuite, il s’arrêtait un moment pour reprendre haleine. Quand il eut fini son discours, le capitaine l’invita à monter à bord : il parut d’abord indécis et défiant ; mais, emporté par son courage naturel, il entra sur le vaisseau, et fut