Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parfait. Une figure humaine décorait, comme à l’ordinaire, la proue de leur pirogue ; mais outre les yeux de nacre de perle, une longue langue sortait de la bouche, probablement parce qu’ils sont dans l’usage de tirer la langue, pour témoigner du mépris et faire un défi à leurs ennemis. La figure de la langue se trouve encore à la proue de leurs pirogues de guerre et à l’extrémité de leurs haches de bataille ; ils la portent sur la poitrine, suspendue à un collier, et ils la sculptent même sur les pelles avec lesquelles ils vident l’eau, et sur leurs pagaies.

» Il y eut bientôt un commerce d’échange entre eux et nous. Ils achetaient avec beaucoup d’empressement nos ouvrages de fer. Il ne fut pas possible d’empêcher les matelots de vendre leurs habits pour des bagatelles sans utilité et sans aucun prix, ce qui m’obligea de renvoyer nos hôtes plus tôt que je n’aurais fait. En partant ils montèrent à Motouara, où, à l’aide de nos lunettes, nous découvrîmes quatre ou cinq pirogues et plusieurs Indiens sur la côte. Je résolus de m’y rendre en chaloupe avec M. Forster et un de mes officiers. Le chef et toute la tribu composée d’une centaine de personnes, hommes, femmes et enfans, nous reçurent bien.

» Nous leur donnâmes, entre autres objets, des médailles de cuivre doré, d’environ un pouce trois quarts de diamètre, qu’on nous avait chargés de répandre parmi les nouveaux peuples, comme des monumens de notre expé-