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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/89

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» Ces Indiens avaient avec eux six pirogues et tous leurs meubles ; d’où l’on peut conclure qu’ils étaient venus résider dans ce canal. Il faut cependant remarquer que, lors même qu’ils s’éloignent peu de leurs habitations, ils ont coutume de porter avec eux tous leurs biens ; tout canton leur est indifférent dès qu’ils y trouvent la subsistance nécessaire ; ainsi ils ne sont jamais hors de chez eux. Il est aisé d’expliquer par-là l’émigration de ce petit nombre de familles qu’on trouve dans la baie Dusky. Comme ils vivent dispersés en petites troupes, ils éprouvent plusieurs inconvéniens auxquels ne sont pas sujettes les sociétés réunies en forme de gouvernement ; celles-ci établissent des lois et des règlemens pour l’utilité commune. L’apparition des étrangers ne les alarme pas ; et si l’ennemi public les attaque ou envahit leur pays, elles ont des forteresses où elles peuvent se retirer et défendre avec succès leurs propriétés et leurs foyers. Telle paraît être la situation des Zélandais d’Ihéï-Nomoueï ; tandis que ceux de Tavaï-Poennammou mènent une vie errante, et ne jouissent presque d’aucun des avantages de la société, ce qui les expose à des alarmes continuelles. En général, nous les avons trouvés constamment sur leurs gardes ; soit qu’ils voyagent, soit qu’ils travaillent, ils ont toujours les armes à la main. Les femmes elles-mêmes ne sont pas exemptes d’en porter, ainsi que je le reconnus à notre première entrevue avec la famille de la baie Dusky : chacune des