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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/118

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comme si c’était une petite pierre. Si vous arrivez près de leurs côtes avec votre vaisseau, ils se rendront peut-être à gué à côté du bâtiment, et ils l’emporteront sur leur dos, à terre. » Il mit dans son discours plusieurs autres circonstances badines ; et, pour donner plus de poids à ce qu’il avançait, il finit en nous disant que l’île s’appelait Mirro-Mirro. Nous jugeâmes que toute son histoire était une ironie contre cette partie de notre relation qu’il ne croyait point, et dont il ne pouvait point se former une idée. Nous admirâmes l’imagination et la gaîté d’esprit qui brillaient dans ce conte, et nous crûmes, avec Bougainville, que l’extrême fertilité du pays, qui procure aux insulaires du contentement et du plaisir, leur donne en même temps ce talent et ce caractère jovial et spirituel.

» Notre ami Oedidi était peut-être le seul des nobles qui ne partageait point la joie et les divertissemens de ses compatriotes. Il ne recevait pas les marques distinguées de faveur qu’on lui avait prodiguées à Taïti ; car il paraît que, même dans les îles du grand Océan, un homme n’est jamais moins estimé que dans son pays. Tous ses parens, qui étaient fort nombreux, attendaient de lui des présens, comme une obligation de sa part. À Taïti, au contraire, sa libéralité lui faisait des amis, et lui procurait beaucoup d’avantages. Tant qu’il resta à ce généreux Indien quelques-unes des richesses qu’il avait rassemblées au péril de sa