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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/152

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sonne, et remettre à une autre fois ma reconnaissance. Sur mon refus, la vieille s’emporta et se mit à m’injurier. Je comprenais peu ses discours ; mais ses gestes avaient une expression qui annonçait assez le sens de ses paroles. Elle me disait avec un air moqueur : « Quelle espèce d’homme êtes-vous, de rejeter ainsi les caresses d’une si jolie fille ? » Il est vrai que la jeune personne était d’une grande beauté ; cependant j’aurais mieux résisté à ses charmes qu’aux invectives de la vieille, et je me hâtai de rentrer dans la chaloupe. La vieille me pressait encore de prendre la jeune fille à bord ; mais cela était d’autant moins possible, qu’avant de quitter le vaisseau j’avais expressément défendu d’y recevoir aucune femme sous quelque prétexte que ce pût être, et cela pour des raisons que j’aurai bientôt occasion d’exposer.

» Aussitôt que le chirurgien fut à terre, il visita et pansa les plaies de l’Indien, à qui il fit une saignée ; mais ayant demandé des bananes bien mûres pour les faire servir de cataplasme, au lieu de ces fruits, les insulaires lui apportèrent des cannes à sucre dont ils tirèrent la pulpe, qu’ils lui présentèrent pour l’appliquer sur les plaies. Cette plante est plus balsamique que la banane, et ce fait semble supposer que ces peuples ont quelques connaissances des simples.

» On leur donna une bouteille d’eau-de-vie, en leur recommandant d’en laver la plaie, qui n’était pas dangereuse ; mais comme l’Indien