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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/18

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nos armes à feu, devaient être intimidés ; mais dès que la chaloupe eut laissé tomber l’ancre, deux hommes sur une pirogue quittèrent la côte, saisirent la corde de la bouée, et entreprirent de la traîner à terre sans savoir à quoi elle tenait. De peur qu’après avoir découvert leur méprise ils n’enlevassent la bouée, on leur tira un coup de fusil. La balle n’alla pas jusqu’à eux, et ils n’y firent pas la moindre attention ; mais une seconde ayant passé par-dessus leur tête, ils abandonnèrent la bouée et s’enfuirent vers le rivage. Pendant notre relâche, nous n’eûmes pas occasion de tirer un autre coup de fusil ; ce dernier les frappa peut-être plus que la mort de leur compatriote, parce qu’il leur montra que l’éloignement ne les mettait pas en sûreté : c’est du moins ce que nous imaginâmes en les voyant dans la suite fort effrayés à la vue de nos armes. Quelques vols qu’ils commissent, je résolus de ne plus les punir, parce que notre séjour parmi eux ne devait pas être de longue durée. Le trouble et l’embarras qu’ils nous causèrent nous retardèrent si long-temps, qu’avant que nous fussions prêts à lever l’ancre, le vent s’accrut et souffla par rafales du dehors de la baie ; de sorte qu’il fallut amarrer plus fortement. Les insulaires se hasardèrent bientôt à revenir près de nous. Il y avait sur la première pirogue qui s’avança un homme qui semblait au-dessus du commun ; il s’approchait lentement avec un cochon sur son épaule, et il prononçait quelques mots que