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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/192

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à la nage, d’autres dans des pirogues : ils se montrèrent d’abord timides, et n’approchèrent qu’à la distance d’un jet de pierre ; insensiblement ils devinrent plus hardis, et des pirogues, qui passèrent sous l’arrière, y firent des échanges. Une des premières s’étant approchée d’aussi près que la crainte le lui permit, jeta à bord des cocos : je descendis dans un canot pour la joindre, et je lui donnai quelques pièces d’étoffe, et d’autres objets, ce qui engagea les autres à se rendre sous l’arrière et le long des côtés, où leur conduite devint insolente et téméraire. Ils essayèrent d’enlever tout ce qui était à leur portée ; ils saisirent le pavillon en voulant l’arracher de son mât ; d’autres s’efforçaient de faire sauter les ferrures du gouvernail. Ce qui nous tracassa le plus, fut leur acharnement après les bouées des ancres ; elles ne furent pas plus tôt hors des canots, qu’ils cherchèrent à les enlever. Des coups de fusil tirés en l’air n’eurent aucun effet ; mais au bruit de la décharge d’un canon de quatre, la frayeur les saisit, et ils sautèrent tous hors de leurs pirogues pour se jeter à la nage. Dès qu’ils virent qu’il ne leur était arrivé aucun mal, ils rentrèrent dans leurs canots, poussèrent des cris en nous menaçant de leurs armes, et retournèrent hardiment aux bouées. Il fallut faire siffler quelques balles autour de leurs oreilles. Quoique aucun d’eux n’eût été blessé, on leur avait inspiré assez de crainte pour les écarter : bientôt ils se retirèrent sur le rivage, et ils nous