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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/237

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quelles les rouges étaient les plus estimées.

» Après le dîner nous allâmes à terre avec deux canots armés. Un de ces insulaires, qui s’était attaché à moi de son propre mouvement, nous accompagnait. Nous débarquâmes sur une plage sablonneuse en présence d’un grand nombre d’habitans qui s’étaient rassemblés pour nous voir ; aussi nous reçurent-ils avec des démonstrations de joie et cette surprise naturelle à un peuple qui voit des hommes et des objets dont il n’a pas encore d’idée. Je fis des dons aux insulaires que me présenta mon nouvel ami, et qui étaient ou des vieillards, ou des gens de considération ; mais il ne marqua aucun égard pour quelques femmes placées derrière la foule, et il me retint la main lorsque je voulus leur donner des grains de verroterie et des médailles. Nous retrouvâmes ici le même chef qu’on avait vu le matin dans une des pirogues. Il se nommait Téabouma, comme nous l’apprîmes alors ; nous ne fûmes pas à terre dix minutes, qu’il fit faire silence. Tout le peuple lui ayant donné cette marque d’obéissance, il prononça un petit discours. À peine eut-il fini qu’un autre chef imposa silence à son tour, et parla. Ces harangues étaient composées de phrases courtes, à chacune desquelles deux ou trois vieillards répondaient par des branlemens de tête et une espèce de murmure, sans doute en signe d’applaudissement ; peut-être aussi qu’il proposait des questions auxquelles on lui répondait. Il nous était impossi-