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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/240

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Nous rangeâmes la côte vers l’est l’espace d’environ deux milles, et nous la vîmes presque partout couverte de mangliers. Nous entrâmes à travers ces arbres dans une crique étroite, ou rivière, qui nous porta au pied d’un petit village au-dessus des mangliers ; là nous débarquâmes, et l’on nous montra une source d’eau douce. Le sol des environs était très-bien cultivé, planté de cannes à sucre et de bananiers, d’ignames et d’autres racines, et arrosé par de petits canots conduits avec art depuis le principal ruisseau qui avait sa source dans la montagne. Du milieu de ces belles plantations s’élevaient des cocotiers dont les rameaux épais ne paraissaient pas fort chargés de fruits. Nous entendîmes le chant des coqs, mais nous n’en vîmes aucun. Les habitans cuisaient alors des racines dans une jarre de vingt à trente pintes ; nous ne doutâmes point que ce vase de terre ne fût de leur propre fabrique. Comme nous remontions la crique, M. Forster tira un canard qui volait au-dessus de nous ; ce fut le premier usage que ce peuple nous vit faire de nos armes. Mon ami le demanda ; et quand nous mîmes à terre, il raconta à ses compatriotes de quelle manière cet oiseau avait été tué.

» M. Forster répéta la même expérience, afin de leur donner par ces innocens moyens une idée de notre puissance. La rivière n’ayant pas plus de quarante pieds de large, nous débarquâmes sur ses bords, élevés d’environ deux pieds au-dessus de l’eau. Nous y vîmes des fa-