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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/26

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nagea jusqu’au canot, afin de ne pas nous exposer à un nouveau péril quand nous voudrions aller le reprendre.

» Après le dîner, mon père accompagna le capitaine à terre, et trouva près du rivage plusieurs maisons sans voir de femmes. C’était le lieu où les insulaires avaient porté le corps de l’homme tué la veille : en arrivant à une cabane qui appartenait au défunt, le capitaine demanda s’il n’avait ni femmes, ni fils, ni sœurs, ni parens ; on lui dit qu’elles pleuraient le mort au sommet de la montagne : d’où l’on peut soupçonner que les palissades ou enclos qu’on voit le long du sommet des rochers sont les cimetières des habitans. Le capitaine fit des échanges en cet endroit, et quoiqu’il fût entouré des parens de l’insulaire tué, on n’aperçut parmi eux ni animosité ni ressentiment.

» Malgré la chaleur extrême, nous résolûmes le lendemain le docteur Sparmann et moi, de gravir la montagne, espérant que nous serions récompensés de nos peines par de nouvelles découvertes. J’avais surtout envie d’examiner les palissades qui sont au sommet, et sur lesquelles chacun formait différentes conjectures. M. Patten et deux autres officiers nous accompagnèrent. Après avoir traversé le joli ruisseau où les matelots remplissaient les futailles, nous prîmes un sentier par où le plus grand nombre des insulaires qui s’étaient rendus près de nous étaient arrivés de l’intérieur. La montée ne fut pas d’abord très-fatigante : nous atteignîmes