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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/282

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tômes du scorbut et ranimèrent nos forces. Le poisson fut pour nous un aussi bon restaurant que les plantes anti-scorbutiques : l’air vif qu’on ressent, durant les beaux jours, dans ce pays, ne contribua pas peu à raffermir nos fibres relâchées par une longue campagne dans des climats plus chauds ; et l’exercice que nous y fîmes nous fut d’ailleurs avantageux à plusieurs égards. Nous arrivâmes sur cette côte pâles et défaits ; mais la santé reparut bientôt sur nos visages. Si les naturels ont une grande stature, s’ils sont nerveux et bien proportionnés[1], il faut l’attribuer en partie à la pureté de l’air et à la simplicité de leurs alimens, qui sont faciles à digérer. Plusieurs circonstances semblent prouver que le poisson est assez abondant sur leurs côtes pour les nourrir toute l’année ; car nous avons observé des amas prodigieux de poissons secs pour l’hiver. »

Sitôt que le vaisseau fut réparé, le 10 novembre 1774, on débouqua par le détroit de Cook, et l’on fit route vers la Terre du Feu.

« Nous commençâmes cette navigation, dit Forster, avec plus de gaieté que la dernière campagne que nous avions faite au sud ; d’ailleurs les vents d’ouest qui dominent dans ces latitudes étaient en notre faveur ; nous savions que les travaux et les fatigues de notre long voyage approchaient de leur fin. Nous nous croyions déjà hors de tout danger : l’espérance

  1. Il en faut excepter leurs jambes, qui sont mal faites, à cause de leur manière de s’asseoir.