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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/43

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d’autant plus que le jour était déjà fort avancé, et que j’avais donné ordre d’employer tous les moyens possibles pour éviter une escarmouche. Quand nos matelots rentrèrent dans leurs canots, quelques insulaires voulaient les pousser au large, et d’autres les retenir ; cependant ils les laissèrent partir tranquillement. Le lieutenant rapporta cinq cochons, qui paraissaient abonder dans l’île ; il ne vit de fruits que des cocos, et il en acheta deux douzaines. L’un des matelots eut un chien pour une banane, ce qui nous fit croire qu’ils manquent de ce fruit.

» Cette île, que les naturels appellent Tiouki, fut découverte et visitée par le commodore Byron : sa forme est un peu ovale ; elle a environ dix lieues de tour, et elle gît par 14° 27′ 30″ de latitude sud, et 144° 56′ de longitude ouest. Les habitans, et peut-être ceux de toutes les îles basses, sont d’une couleur beaucoup plus brune que ceux des îles plus hautes, et leur caractère semble plus farouche. Cette différence provient peut-être de leur position. La nature ne leur ayant pas départi ses faveurs avec autant de profusion qu’aux autres, les hommes ont principalement recours à la mer pour leur subsistance ; ils sont par conséquent plus exposés au soleil et aux rigueurs du temps, et deviennent ainsi plus noirs, plus forts et plus robustes, car certainement ils ont une origine commune. Nous ne vîmes que des hommes vigoureux, bien faits, et qui avaient sur leur