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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/76

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prenions rien sans les payer ; et, énumérant les différens articles que nous leur donnions en échange de leurs provisions, animaux, outils, étoffes, etc., il insista particulièrement sur ce qu’ils avaient tort de nous voler, puisque nous étions leurs amis ; ajoutant que le châtiment de cet homme serait un moyen de sauver la vie à quelques-uns de ses compatriotes, en les détournant de commettre de pareils crimes, pour lesquels ils seraient tués tôt ou tard à coups de fusil. Ces argumens, qu’il comprit très-bien, parurent le persuader, et il supplia seulement que l’homme ne fût pas mattéerou (mis à mort). Alors on commanda à la foule, qui était assez nombreuse, de se tenir à une distance convenable ; et en présence de l’assemblée, le voleur reçut vingt-quatre coups de fouet ; il les supporta avec beaucoup de fermeté. Les naturels s’enfuirent effrayés ; mais Taouha, courant après eux, les rappela et les harangua plus d’une demi-heure. Son discours était composé de phrases courtes dont on n’entendit que quelques-unes ; mais, à ce que nous apprîmes, il récapitula une partie de ce que le capitaine venait de dire à O-tou ; il exposa les divers avantages que nous leur avions procurés, et, condamnant leur conduite passée, il leur recommanda d’en avoir une différente à l’avenir. La grâce de ses gestes et l’attention de ses auditeurs le firent paraître à nos yeux un grand orateur.

» O-tou ne dit pas un mot : dès que Taouha