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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/8

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la dévastation causée par un volcan suffirait seule pour rassembler toutes les misères sur des insulaires resserrés dans un si petit espace : cette île, qui peut-être a jadis été produite par un volcan, puisque toutes les roches y sont volcaniques, a, suivant cette apparence, été bouleversée par le feu. Les arbres, les plantes, tous les animaux domestiques, et même une grande partie de la nation, peuvent avoir péri dans une de ces épouvantables convulsions de la nature ; la faim et la misère auront ensuite poursuivi ceux qui échappèrent au feu.

» Toutes les femmes que nous avons vues dans les différentes parties de l’île ne montent pas à trente, quoique nous l’ayons traversée presque d’un bout à l’autre ; il n’est point du tout probable qu’elles se fussent retirées dans quelques lieux cachés. Si réellement il n’y a pas plus de trente ou quarante femmes pour six ou sept cents hommes, la nation doit s’éteindre en très-peu de temps, à moins que nos principes de physique sur la pluralité des maris ne soient erronés. La plupart de ces femmes ne nous ont pas donné lieu de croire qu’elles ne fréquentent qu’un seul époux : au contraire, elles semblaient aussi débauchées que Messaline et Cléopâtre. Mais cette disproportion est un phénomène si singulier, qu’on a peine à la croire, et je ne serais pas éloigné de penser que réellement les deux sexes sont en nombre égal. Quoique personne de notre équipage n’ait observé de vallées ou de re-