Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/89

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» Dès que nous eûmes renvoyé nos amis, nous aperçûmes un grand nombre de pirogues de guerre doublant la pointe d’O-parri. Voulant les examiner de plus près, je me rendis en hâte au rivage avec quelques-uns de nos messieurs ; j’arrivai avant que les pirogues eussent débarqué, et j’eus occasion de voir de quelle manière elles approchent de terre. Quand elles se trouvèrent devant l’endroit où elles projetaient d’attérir, elles se formèrent en divisions composées de trois ou quatre hâtimens (peut-être qu’il y en avait un peu plus dans chaque division) qui se suivaient de près, et ensuite chaque division, l’une après l’autre, pagaya de toutes ses forces vers le rivage : la manœuvre s’exécuta d’une manière si adroite, qu’elles formèrent le long de la grève une ligne qui n’avait pas un pouce d’inflexion. Les rameurs étaient excités par leurs chefs, placés sur les plates-formes, et dirigés par un homme qui tenait une baguette à la main, et qui occupait l’avant de la pirogue du milieu. Ce conducteur annonçait aux rameurs, par des paroles et par des gestes, quand ils devaient pagayer tous à la fois, quand l’un des côtés devait s’arrêter, etc. La promptitude de tous leurs mouvemens prouvait leur habileté dans la manœuvre ; ensuite nous mîmes à terre, et nous allâmes à bord de plusieurs de ces pirogues, afin de les mieux considérer. La flotte, composée de quarante voiles, et équipée de la même manière que celle dont on a parlé plus haut,