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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/95

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naissance, et il avait servi dans la marine hollandaise. Je le pris à Batavia au retour de mon premier voyage ; il ne m’avait pas quitté depuis. Je ne lui connaissais ni parens, ni amis ; rien ne l’engageait à habiter un coin du monde plutôt qu’un autre. Toutes les nations lui étaient indifférentes : et où pouvait-il goûter plus de bonheur que dans une de ces îles ? Là, sous le plus beau climat de la terre, il allait jouir des besoins et des aisances de la vie, et achever ses jours dans la tranquillité et l’abondance. Je crois que je lui aurais accordé mon consentement s’il me l’avait demandé dans un temps convenable.

» Dès qu’on l’eut ramené, je le fis mettre aux fers pour quinze jours, et je fis route pour Houaheiné, afin d’y voir nos amis ; mais avant de quitter Taïti, il est à propos de parler de l’état actuel de cette île, d’autant plus qu’elle avait beaucoup changé depuis huit mois.

» J’ai déjà indiqué les améliorations qui nous avaient frappés dans les plaines de Matavaï et d’Oparri ; nous en observâmes également dans tous les autres cantons. Nous ne concevions pas comment, dans un espace de huit mois, les Taïtiens avaient pu construire tant de grandes pirogues et de maisons. Les outils de fer qu’ils avaient tirés de nous et des autres nations qui ont relâché dernièrement à cette île contribuèrent sans doute à ce progrès, et ils ne manquent pas d’ouvriers, ainsi qu’on le verra bientôt.