Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont-ils pas moins dangereux ; car ces insulaires nous retenaient la main avec beaucoup d’inquiétude et d’empressement quand nous voulions en essayer la pointe sur nos doigts. Je ne puis pas concevoir d’ailleurs pour quelle autre raison ils prendraient tant de soin de conserver la substance résineuse dont ils les enduisent. Quiros, qui vit la même nation, soupçonna aussi que leurs traits sont empoisonnés ; ce qui peut faire supposer qu’ils sont des ennemis cruels et implacables ; mais, pour leur rendre justice, j’observerai qu’ils se montrèrent envers nous pénétrés d’un sentiment de justice et d’humanité. La plupart d’entre eux prirent de grands soins pour ne pas nous donner des raisons de plaintes, et ils craignaient tellement que leurs compatriotes commençassent les hostilités, qu’ils nous ont paru sentir l’importance d’une première agression, qui pouvait entraîner des représailles de notre côté : de plus, ils ont employé souvent des précautions pour ne pas nous causer de l’ombrage.

» Quoique les habitans de la Terre du Feu n’appartiennent à aucune des races du grand Océan, et qu’ils descendent probablement des habitans de l’Amérique méridionale, nous ne pouvons pas nous dispenser d’en parler ; mais la plupart des voyageurs, et même des historiens, ayant souvent confondu les différens peuples des extrémités de l’Amérique méridionale, je tâcherai d’abord de les classer avec plus de précision.

» Le capitaine Wallis, qui a mesuré les ha-