Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/189

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sont point proportionnés aux parties supérieures : ces hommes sont absolument nus, et ne portent qu’un petit morceau de peau de phoque sur le dos : les femmes ont à peu près les mêmes traits, le même teint et les mêmes formes ; en général, elles ont de longues mamelles pendantes ; outre la peau de phoque ordinaire, un petit morceau de peau d’oiseau ou de phoque couvre leurs parties naturelles : la physionomie de tous ces Pecherais annonce la misère ; ils paraissent doux et pacifiques ; mais leur stupidité est extrême ; ils ne comprenaient aucun de nos signes, très-intelligibles d’ailleurs pour toutes les nations du grand Océan. De tous les mots qu’ils prononçaient nous n’avons distingué que celui de pesserei, qu’ils répétaient souvent de manière à mous faire croire qu’ils voulaient exprimer leur amitié pour nous, et qu’ils trouvaient une telle chose bien. Quand ils parlaient, j’observais que leur langue comprend l’r et l’l précédée d’un th anglais, et qui ressemble un peu à ll des habitans du pays de Galles, et plusieurs sons grasseyés. Ils sentaient l’huile de baleine, et exhalaient une puanteur insupportable, de manière que nous les sentions de loin ; dans les plus beaux jours ils tremblaient de froid. En un mot, la nature humaine ne paraît nulle part dégradée à un état si misérable que chez ces êtres pitoyables, malheureux et stupides.