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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/202

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prices des hommes, on leur a appris de bonne heure à craindre les écarts des passions : leur réflexion est plus calme et plus froide ; elles cherchent à mériter l’approbation par la douceur et par les caresses ; elles contribueront, avec le temps, à diminuer cette dureté de mœurs naturelle aux barbares ; ainsi elles disposent ces peuplades a la civilisation. Les Zélandais regardent si bien leurs femmes comme leur propriété, que les pères et les plus proches parens vendaient habituellement les faveurs de ces malheureuses à notre équipage : les pères eux-mêmes traînaient souvent ces victimes dans les lieux écartés du vaisseau, et ils les abandonnaient à la brutalité des matelots, qui ne rougissaient pas de leur faire violence malgré leur douleur et leurs larmes. Si ces sauvages défendent quelquefois à leurs femmes tout commerce avec d’autres hommes, et s’ils punissent avec sévérité la transgression de cet ordre, ce n’est pas par des principes d’équité, de modestie et de délicatesse, mais afin d’exercer leur droit de propriété et d’autorité sur elles.

» Les femmes de Taïti, des îles de la Société, des îles des Amis et des Marquésas, sont moins tyrannisées par les hommes : cette raison seule suffît pour prouver que ces insulaires ne sont plus dans l’état sauvage, et qu’il faut les placer un peu au-dessus des barbares. Par une conséquence de ce qui a été dit plus haut, plus un peuple montre d’égards pour les femmes, plus on remarque chez lui des sentimens humains