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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/216

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au port de la Reine Charlotte, nous rencontrâmes quatre ou cinq cents insulaires sur les côtes ; quelques-uns avaient du respect pour des vieillards tels que Tringobouhi, Goubaya et Tairito, qui paraissent être leurs chefs. Le poisson n’y est pas moins abondant qu’à la baie Dusky ; mais il est moins bon : les oiseaux, surtout les oiseaux aquatiques, y sont plus rares, et nous n’y avons aperçu qu’un phoque, quoique nos deux vaisseaux y aient relâché en différens temps. Le peuple y est vêtu de la même manière que dans le premier canton : ses habitations, surtout les hippas ou les forteresses, sont meilleures, plus propres, et garnies de roseaux dans l’intérieur. Il n’existe point de plantations ; mais on y connaît les noms de tarro et de gormalla, que les habitans des îles du tropique donnent à l’eddoës et à la patate ; ce qui annonce que cette peuplade descend d’une tribu qui cultivait ces deux plantes, et qu’elle a perdu ou négligé ce moyen de subsistance, ou parce qu’elle a trouvé une plus grande quantité de poissons ou de nourritures animales, ou parce qu’elle a fui si précipitamment de sa première patrie, qu’elle n’a pu emporter des racines avec elle, ou enfin par pure stupidité et par indolence ; car nous avons vu ces sauvages manger de la racine de fougère, qui est très-grossière et très-mauvaise. Le climat, sous le 41e. parallèle sud, serait favorable à la culture des eddoës et des patates : il est évident que les naturels ont été autre-