Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prochés autrefois, ils donnaient plus de momens à la société ; ils s’aidaient, se secouraient mutuellement et se communiquaient leurs découvertes ; maintenant ils ne peuvent fréquenter que les individus d’une famille ou d’une petite tribu ; ils ne peuvent espérer du secours ou de la protection de personne ; exposés à la voracité des animaux farouches, et peut-être à la barbarie des autres sauvages, incapables d’entreprendre un ouvrage qui demande les efforts réunis d’un grand nombre, le progrès de leur industrie est proportionné à leur intelligence bornée : il est rare que le hasard fasse naître un homme de génie parmi eux. Toujours occupés des moyens de pourvoir aux plus pressans besoins de la vie, leur esprit ne pense pas à autre chose : cette race perd absolument toutes les idées qui n’ont point de rapport à la chasse ou à la pêche : elle doit donc dégénérer et s’abrutir insensiblement, et tout ce que la raison et l’esprit ont pu inventer pendant des siècles s’anéantit : faute d’exercer leur intelligence, ces créatures humaines redescendent à la condition des animaux ; étrangers aux vertus sociales, ils s’attroupent par habitude ; tous leurs désirs se bornent à la sensualité et à des jouissances brutales, et l’on retrouve à peine en eux quelques restes de l’image brillante de la Divinité.

» Tout homme sensé, accoutumé à réfléchir et à mettre chaque chose à sa place, reconnaîtra sans peine que la vie des sauvages tient