Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le premier rang ; ils y sont beaucoup plus gros que dans aucune autre contrée ; mais la femelle est moins grosse que le mâle : un seul exemple fera juger de la force de ces animaux. Les Hollandais, pour en faire l’essai, attelèrent un éléphant à la proue d’un vaisseau considérable ; il le tira le long du rivage. Les Hottentots font usage de la fiente de ces animaux, lorsqu’ils manquent de tabac, et Kolbe assure qu’elle a presque le même goût.

Le rhinocéros a deux cornes placées l’une devant l’autre sur son museau. Sa peau n’offre pas de plis comme celle du rhinocéros d’Afrique. Quoiqu’elle soit fort dure, elle n’est pas à l’épreuve des zagaies. Il a l’odorat extrêmement subtil : avec le vent, il sent de fort loin toutes sortes d’animaux, et marche vers eux en ligne droite, en renversant tout sur son passage. S’il n’est point irrité par quelque offense, il n’attaque jamais les hommes, à moins qu’ils ne soient malheureusement en habit rouge, car alors il s’élance avec fureur sur eux ; et s’il en saisit un, il le jette par-dessus sa tête avec tant de violence, que la chute est mortelle. Ses yeux sont fort petits pour sa taille, et ne lui servent à voir que devant lui ; aussi la méthode la plus sûre pour l’éviter, lorsqu’on est à neuf ou à dix pas de lui, c’est de sauter un peu de côté. Quoique sa course soit fort légère, il est si lent à se tourner, qu’il lui en coûte beaucoup pour se mettre en état de voir son ennemi. Il mange peu d’herbe : il préfère