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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/135

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un autre privilége, qui est d’en prendre la chair et de l’enlever aux tisserands. Ils prétendent qu’ils ne peuvent servir le roi et faire de bonnes cordes lorsque les peaux sont déchiquetées par d’autres mains ; et, sous ce prétexte, ils résistent aux tisserands, qui, dans la crainte de se souiller en touchant une race détestée, prennent le parti de fuir et d’abandonner leurs droits. Pour donner une idée plus affreuse encore de cette étrange sorte de vagabonds, Knox ajoute qu’ils ne connaissent aucune loi de parenté, et qu’ils ne font pas difficulté de coucher librement, les pères avec leurs filles, et les garçons avec leurs mères. Souvent, lorsque le roi condamne au dernier supplice quelques grands officiers qui l’ont mérité par leurs crimes, il livre leurs femmes et leurs filles aux gueux, et ce châtiment paraît plus terrible que la mort. Il cause tant d’horreur aux femmes que, dans le choix que le roi leur a quelquefois laissé de se précipiter dans la rivière ou d’être abandonnées à cette odieuse race, elles n’ont jamais balancé à préférer le premier de ces deux supplices.

Le gouvernement du royaume de Candy a ses lois et ses maximes, qui rendent la nation fort heureuse, lorsque le roi n’abuse pas de son autorité pour les violer. Il y a deux officiers principaux, ou deux premiers juges, qui se nomment adigars, qui sont chargés de l’administration civile et militaire. C’est à leur tribunal qu’on appelle en dernier ressort dans