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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/147

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femme, est de lui dire qu’elle a couché avec dix hommes de la lie du peuple ; et en effet l’injure est assez forte. D’ailleurs la complaisance des hommes est extrême pour les femmes. Les terres dont elles héritent ne paient rien au roi ; elles sont exemptes des droits de la douane dans les ports et sur les passages. Leur sexe est respecté jusque dans les animaux ; et par une loi qui est peut-être sans exemple, on ne paie rien non plus pour ce que porte une bête de charge femelle. Mais des usages si galans n’empêchent pas que, pour conserver la subordination de la nature, il ne soit défendu aux femmes, sans aucune distinction de naissance et de qualité, de s’asseoir sur un siége en présence d’un homme. L’autorité des pères sur leurs enfans va jusqu’à pouvoir les donner, les vendre, ou leur ôter la vie dans l’enfance, lorsqu’ils les prennent en aversion, ou qu’ils se trouvent incommodés du nombre.

Les Chingulais brûlent leurs morts avec beaucoup de cérémonies, du moins leurs morts de qualité : le peuple est enterré fort simplement dans les bois. On voit que partout il faut payer sa bière ou son bûcher. Ils n’ont ni médecins ni chirurgiens ; mais ils trouvent au milieu de leurs bois, dans l’écorce et les feuilles de leurs arbres, des remèdes et des préservatifs pour tous les maux dont ils sont affligés. Leur régime sert aussi beaucoup à la conservation de leur santé. Ils se tiennent le corps fort net ; ils dorment peu ; et la plupart de leurs alimens