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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/154

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grosseur, qu’à un mât de vaisseau. Ses feuilles sont si grandes, qu’une seule peut couvrir quinze ou vingt hommes et les défendre de la pluie. Elles se fortifient en séchant, sans cesser d’être souples et maniables. La nature ne pouvait faire un présent plus convenable au pays. Quoique ces feuilles aient beaucoup d’étendue lorsqu’elles sont vertes, elles peuvent être resserrées comme un éventail ; et, n’étant pas alors plus grosses que le bras, elles pèsent fort peu dans la main. Elles sont naturellement rondes ; mais les insulaires les coupent en pièces triangulaires dont ils se couvrent en voyageant, avec le soin de mettre le bout pointu par-devant pour s’ouvrir le passage au travers des buissons. Elles les garantissent tout à la fois de la pluie et du soleil. Les soldats en font des tentes. Knox apporta dans sa patrie une de ces feuilles. Elles croissent au sommet de l’arbre, comme celles du cocotier ; mais il ne porte de fruit que l’année de sa mort. C’est une autre singularité qui doit attirer d’autant plus d’attention, qu’alors uniquement il pousse de grandes branches chargées de très-belles fleurs jaunes, d’une odeur à la vérité trop forte, qui se changent en un fruit rond et dur, de la grosseur de nos belles cerises ; mais ce fruit n’est bon que pour semer. Le talipot ne porte donc qu’une seule fois ; mais il est si couvert de fruits et de graines, qu’un seul arbre suffit pour ensemencer toute une province. Cependant l’odeur des fleurs est si insupportable près des