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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/165

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belles rivières. Les petites sont en si grand nombre, qu’elles rendent la terre continuellement humide, et dans quelques endroits fort marécageuse, indépendamment des pluies qui commencent régulièrement au mois de juin, et qui ne finissent que dans le cours d’octobre. L’air est dangereux alors pour les étrangers, surtout dans les parties les plus proches de la ligne, telles que le pays de Tikou et de Passaman. Les Achémois mêmes n’y demeurent pas sans crainte, surtout pendant les pluies. Les vents qui règnent alors sur cette côte s’y rompent avec de grands tourbillons et d’horribles tempêtes. Des calmes succèdent presque tout d’un coup, pendant lesquels l’air n’étant plus agité, et la terre continuant d’être abreuvée de pluies continuelles, le soleil attire des vapeurs très-puantes, qui causent des fièvres pestilentielles, dont l’effet le plus commun est d’emporter les étrangers dans l’espace de deux ou trois jours, ou de leur laisser des enflures douloureuses et très-difficiles à guérir.

La ville d’Achem étant à la pointe du nord, on y respire un air plus pur et plus tempéré. Elle est située sur une rivière de la grandeur de la Somme, à la distance d’environ une demi-lieue du rivage de la mer, au milieu d’une grande vallée large de six lieues. La terre est propre à y produire toutes sortes de grains et de fruits ; mais on n’y sème que du riz, qui est la principale nourriture des habitans. Quoique les cocotiers y soient les arbres les plus