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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/169

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située au pied d’une très-haute montagne qu’on découvre de trente lieues en mer, lorsque le ciel est serein. Le poivre y croît parfaitement. Tikou, qui est sept lieues plus loin, en offre encore plus. Passaman est bien peuplée : sa situation est plus agréable que celle de Tikou, et l’air plus sain. Les vivres y sont en plus grande abondance ; mais le poivre y est moins fertile. Les habitans sont dédommagés par le commerce de l’or avec Manincabo. Padang a peu de poivre ; mais le commerce de l’or y est considérable, et sa rivière forme un port naturel, qui peut recevoir de grands vaisseaux. Les Hollandais se sont établis à Palimban.

Toutes ces villes, et les lieux voisins, sont fort bien peuplés jusqu’au pied des montagnes. Les terres y sont régulièrement cultivées. Entre les habitans étrangers ou naturels il se trouve des personnes riches, qui jouissent heureusement de leur fortune ; mais ils ne doivent leur tranquillité qu’au bonheur de vivre loin d’Achem. Beaulieu, que nous suivons ici[1], parle de la présence du roi comme d’un fléau terrible qui fait autant de malheureux qu’il y a d’habit ans dans sa capitale. Il ajoute qu’ils méritent leur sort, parce qu’ils sont d’une méchanceté odieuse. Mais, rendant justice à leurs bonnes qualités, il leur attribue de l’esprit et de l’éloquence, de la correction dans leur langage, une belle main pour l’écriture, dans laquelle ils s’attachent tous à se perfectionner ; une pro-

  1. Il écrivait en 1621.